Marie BEHIER peint et expose depuis 20 ans en France et à l'étranger. Fascinée par les jeux de transparence, elle travaille l'huile par glacis successifs, ainsi que l'aquarelle, afin de mettre en lumière les abîmes de la réalité. Selon Marie BEHIER, la transparence est le pouvoir de l'imagination du message donné.

SI l'on était tenté de figer la peinture de Marie Behier, de la classer en catégories repérables - abstractions, paysages et pourquoi pas herbiers ?- on y renoncerait vite. Bien sur le motif est lisible, l'eau intensément présente

les constructions repérables. Car au fond, tout chez elle est paysage....Mais alors pourquoi ces trois bâteaux volent-ils dans le ciel, au pied d'une cascade ? A-t-on jamais vu un lac se troubler en nuages ? Il va falloir sentir
autrement, glisser dans le monde de Marie où ce motif géométrique mîme l'oursin, où cette étroite bande latérale de gratte-ciels peut être un mur de roches en bord de mer, où cette frise graphique joue l architecture d'un
portail d'église...Quoi encore ? On renoncera bientôt à définir et contraire au sens unique cet art libre. Mais on ne renoncera pas aux variations sensibles qu'il évoque en nous. Ce qui court et frémit, à travers ces formats et
compositions parfois insolites, c 'est une intuition à  vif et une main sûre. Une main d'artiste-artisane qui mêle en leitmotivs, techniques diverses et matériaux secrets, la poudre de marbre craquelée ou les encres au bout du
calame. Ce qui émeut c'est justement ce tremblement de réalité, ce charme où parfois s'inquiète le décor. Comme chez Victor Hugo dont les encres mettaient au ciel une ombre fantastique, avec Marie mieux vaut laisser la
logique au rivage. Et embarquer dans l'entre-deux des émotions, là où la peinture nous donne des joies autres que quotidiennes.
Christine Rodès